GALERIE BERNARD BOUCHE

EXPOSITIONS PASSÉES

JORGE MOLDER

14 SEPTEMBRE – 19 OCTOBRE 2019


La galerie a le plaisir de vous convier pour la prochaine exposition Jorge Molder à partir du samedi 14 septembre, où nous présenterons sa nouvelle série Malgré lui.

Jorge Molder est né à Lisbonne en 1947. De nombreuses expositions personnelles au Portugal et en Europe lui ont été consacrées.
L’œuvre de Jorge Molder entretient un lien étroit avec la philosophie et la littérature. Son travail y puise un goût pour les lieux d’ombre de l’âme, pour une météorologie fine des ambiguïtés. Et c’est bien le côté métaphysique qui traverse le quotidien de tout être humain qui intéresse Molder. Il amplifie le sujet par le biais de sa propre image et l’artiste, non sans ironie, semble se confronter à lui-même en tant qu’étranger. Se situant au-delà de l’auto-représentation ou de l’introspection, Jorge Molder fait de son image, ou de ses images métaphoriques, un matériau à travers lequel il tente une réflexion sur l’être au monde et sur le temps.

Comme l’explique le critique Nuno Lucas da Costa, sur cette série Malgré lui qui a été récemment présentée à l’institut Camões au Luxembourg: « La succession de portraits symétriquement alignés nous apparaît telle la pellicule d’un film qui retrace toute une vie. Pendant cette même vie, Jorge Molder a étudié la philosophie et travaillé dans les services pénitentiaires du ministère de la Justice portugais en tant que psychologue, avant de prendre son véritable élan en tant que photographe. Les quinze photos présentent toutes des expressions faciales différentes, comme des réactions à différents souvenirs. Au fameux pendule de Schopenhauer oscillant entre l’ennui et le malheur, les portraits de Molder apportent d’autres déclinaisons non binaires, qui vont de l’étonnement au reniement en passant par l’effroi. L’inventaire se présente comme non définitif et une recherche inachevée de sa personne se poursuit. Molder doit rendre des comptes à lui-même et à personne d’autre. »

Ci-dessous, un texte de l’artiste lui-même, une réflexion autour de ses travaux récents.

Tape-le fort sur la tête! Encore plus fort! Tu vas voir que ça s’arrête de bouger. C’est toujours comme ça.
Apparemment déconcertante et/ou presque en état de rupture, cette phrase me semble être une bonne porte d’entrée à ce recueil d’images que j’ai décidé d’appeler Malgré lui, sans bien encore connaître tous les tenants de ce choix.
Il y a quelques jours, je parlais à une personne amie de certaines photos que j’ai prises il y a un peu plus de trente ans dans un café de Lisbonne, peut-être le plus ancien. J’avais passé quelques jours à observer les serveurs, leurs mouvements, leurs pauses, leurs gestes de préparation et, surtout, leur attente. À cette époque, Lisbonne était une ville plus paisible, et il était naturel d’attendre les clients. Alors le serveur, cet homme patient, attendait le client avec le plateau métallique placé comme un porte-documents sous le bras de son smoking funèbre.
Etant ami des patrons du café, j’ai été autorisé à prendre les photographies dans le café fermé, en bénéficiant de la collaboration des serveurs qui n’attendaient évidemment aucune commande d’aucun client. Il faut dire au passage qu’ils ont trouvé certains de mes caprices très étranges. Celui du plateau est exemplaire : j’ai fait d’innombrables images de cette situation, des images que j’ai fréquentées assidûment avec une attention très grande, me demandant sans cesse lequel de mes clichés rendait le geste le plus évident. J’en ai conclu que la visibilité que je cherchais se trouvait dans l’une des images où le temps avait légèrement traîné et où la netteté était moindre.

Cette remémoration m’a conduit à la série que j’expose maintenant, où la vie se mêle tant à la mort. Comme les serveurs que j’ai appelés « Waiters » – vu que le mot anglais permet de mieux voir cette pause et cette anticipation – ici, dans Malgré lui, il y a aussi un mouvement d’approche et d’attente de quelque chose d’ultime qui se produira un jour.

Jusqu’à ce point, nous pouvons anticiper une infinité de masques auxquels nous pouvons attribuer les caractéristiques les plus diverses dont celle où ils cessent un jour de bouger, si tant est qu’ils aient jamais bougé.
Mais en réfléchissant au temps, je me rends compte que finalement j’ai toujours travaillé en fonction de ses innombrables stratagèmes, ses façons qui nous surprennent lorsque nous percevons ses marques, ses transformations et tant d’autres petits et grands accidents impossibles à énumérer. Et aussi le temps qui réunit, qui fait grandir et qui parvient à l’effonterie de donner du sens à tout ce qui tôt ou tard disparaîtra.

C’est pourquoi je pense qu’il est inévitable de frapper, de frapper fort, de frapper avec conviction, même s’il s’agit seulement d’un de ces désirs qui passent, qui finissent par disparaître comme tout le reste.

Jorge Molder

Jorge Molder Malgré lui 2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
Jorge Molder Malgré lui 2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
Jorge Molder Malgré lui 2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
Jorge Molder Malgré lui 2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
 
Jorge Molder  Malgré lui  2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
Jorge Molder  Malgré lui  2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
Jorge Molder  Malgré lui  2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
Jorge Molder  Malgré lui  2019 Jet d'encre sur papier Arches 640grs. 151 x 105 cm
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